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Journal de voyage en Amérique Centrale

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KTsering
tropifan
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Message  tropifan Mar 15 Mar 2016 - 3:16

Ce journal de voyage en Amérique Centrale décevra les lecteurs qui s'attendent à quelque chose ressemblant à mes récits précédents car il n'a qu'un intérêt géographique et touristique. Vous voilà avertis. J'ai choisi de le publier ici pour des amis qui me l'avaient demandé car c'est plus simple pour l'illustrer de quelques photos... et le texte sera à l'abri d'un nouveau bug.

J'avais déjà fait plusieurs voyages en Amérique Centrale et je connaissais assez bien 6 des 7 pays qui la composent, mais il me manquait le Nicaragua. Alors quand les dirigeants des Villages d'enfants SOS de ce pays m'ont invité, en raison de mon engagement avec les Villages d'enfants SOS d'Équateur, j'ai sauté sur l'occasion. Mais au lieu d'arriver en avion, j'ai pris un vol pour San José (Costa Rica) afin de me promener et de découvrir le pays tout en me dirigeant vers Managua où l'on m'attendait.

Voici donc ce journal de voyage.


Dimanche 15 février


Voyage sans histoire : moins de deux heures d'avion de Quito à San José, capitale du Costa Rica. C'est toujours avec plaisir que je retrouve ce sympathique petit pays, le plus prospère d'Amérique Centrale, un des seuls états du Monde qui n'ait pas d'armée (c'est interdit par la constitution), donc pas de coups d'état militaires comme dans tant de pays, et un budget allégé. Une tradition démocratique et des gouvernements sages ont donné à la population un niveau de vie bien meilleur que ses voisins.

Beaucoup moins de délinquance également. Petite balade pour me remettre dans l'ambiance locale : les gens profitent de ce jour de repos pour se promener en famille , les parcs sont noirs de monde.

Mais je ne vais pas m'attarder dans cette ville que je connais déjà et qui ne possède pas d'attrait touristique particulier. Le but que je me suis fixé pour ce début de voyage est de visiter le nord du pays que je ne connais pas, tout en me dirigeant vers le Nicaragua.
Journal de voyage en Amérique Centrale 1a10Journal de voyage en Amérique Centrale 1b10
                                                        Une rue de Cañas, petite ville tranquille


Lundi 16 février


Petit déjeuner assez costaud : gallo pinto (mélange de riz et de haricots noirs) avec deux œufs, jus d'orange et café. Avec ça, je devrais pouvoir faire l'impasse sur l'almuerzo (déjeuner) et attendre jusqu'au soir.

Pour qu'un voyage soit réussi, les bagages doivent être le plus légers possible, du moins les voyages comme je les aime, sans réservation et en utilisant les moyens de transport locaux. Donc pas de valise ; pour 5 ou 6 semaines, je me contente d'un sac que je porte sur l'épaule et dont j'apprécie la légèreté chaque fois que je dois marcher assez longtemps.

Bus moderne, route en bon état, chauffeur prudent (en Amérique Latine ce n'est pas toujours le cas), 3 heures et demie pour parvenir à Cañas, première étape du voyage, qui est plutôt une petite ville qu'un gros village. Il fait chaud (32° environ) mais il y a un peu de vent et le degré d'humidité est bas, on ne transpire donc pas comme à Guayaquil, sur la côte équatorienne.

Ce qui est remarquable, c'est la propreté et la prospérité : pas de taudis, nombreux petits commerces avenants et pas le moindre traîne-savates. Pas non plus de vendeurs ambulants et encore moins de gamins misérables. Le Costa Rica devrait servir d'exemple à beaucoup de pays d'Amérique Latine.



Mardi 17 février


Étape courte aujourd'hui de Cañas à Liberia. En allant repérer le départ des bus, je prends mon petit déj dans une soda (petite buvette-restaurant) près du parc central. Toujours le même dans ce pays, gallo pinto ; ce qui peut varier, c'est l'accompagnement (œufs, poulet, viande). Ce petit repas ne m'a coûté que moins de 3 dollars, il m'aurait coûté le double au restaurant de mon hôtel.

Une heure de voyage confortable et arrivée en pleine chaleur à Liberia : 35° d'après le journal, mais c'est une chaleur sèche, supportable pour peu qu'on soit à l'ombre. Je m'installe à l'hôtel Guanacaste, recommandé par mon guide en anglais. L'entrée est presque luxueuse, les chambres beaucoup moins, mais c'est propre et acceptable. L'ennui, c'est qu'ici comme presque partout le toit est en éternit, ce qui convertit la chambre en four pendant la journée.

Alphonse Allais recommandait de construire les villes à la campagne. Ici l'humour devient réalité car Liberia est vraiment une ville construite à la campagne, même le centre ne parvient pas à avoir un air urbain, ce qui lui donne d'ailleurs un charme spécial. Très peu de voitures, la tranquillité est étonnante.

Je mange sur la place principale à Las Tinajas qui semble l'endroit à la mode. Quelques Européens y ont leurs habitudes, j'ai l'occasion de pratiquer mon mauvais anglais avec un Allemand. L'atmosphère est très « vacances » : beaucoup de gens en short, certains torse nu, et pourtant les plages sont à une bonne heure de voiture.




Journal de voyage en Amérique Centrale 1c10Gallo pinto


Journal de voyage en Amérique Centrale 1d10Liberia, une ville à la campagne



Mercredi 18 février


Pour changer un peu du gallo pinto, j'ai déjeuné d'un café et de deux gâteaux à la gare routière. Sympa et économique, moins d'un dollar.

Question bus, pas de pot aujourd'hui. Celui qui va jusqu'à la frontière vient directement de la capitale et il y a peu de places libres. J'aurais pu en avoir une en faisant comme deux jeunes touristes sans-gêne qui sont passés devant tout le monde, mais j'ai horreur de resquiller. Résultat : une heure et demie debout dans le couloir, mais j'ai connu bien pire lors de mes voyages.

La Cruz n'est qu'un petit village qui semble vivre des Fuerzas de frontera qui y sont stationnées. Comme je l'ai déjà dit, le Costa Rica n'a pas d'armée mais il a dû créer cette sorte de police pour protéger sa frontière avec le Nicaragua contre les guerrilleros sandinistes, puis les Contras, les Recontras, et maintenant les immigrants illégaux.

Pour sortir du pays, il faut remplir un formulaire, mais quelques jeunes le font, moyennant 50 colons (0,20 dollar), pour les gens qui font la queue. Je dois toutefois aider celui qui me rend ce service à distinguer mon nom et mon prénom, et quant à la nationalité, très en avance sur son temps, il a marqué Europe. Pas grave, le préposé ne se donne pas la peine de lire.

Il y a environ 500 mètres de no man's land jusqu'au poste de contrôle nicaraguayen. Un gamin insiste pour porter mon sac. Vu qu'il ne pèse que 8 kilos, je le lui laisse pour qu'il gagne un peu d'argent sans mendier. C'est le premier signe que je ne suis plus dans un pays semi-développé, mais dans l'un des plus pauvres d'Amérique. Et cette impression se confirme au poste de police où règne un joyeux bordel, mais où les préposés sont très aimables.


Demain la suite au Nicaragua


Dernière édition par tropifan le Dim 29 Jan 2017 - 9:36, édité 4 fois

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Message  KTsering Mar 15 Mar 2016 - 12:13

Merci, Tropifan. Ca fait plaisir de te lire.

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Message  tropifan Mer 16 Mar 2016 - 5:43

Journal de voyage en Amérique Centrale 2a10



Mercredi 18 février (suite)

Me voici donc au Nicaragua. Je partage un taxi délabré avec deux braves dames, il nous laisse à Sapoa, puis après quelques minutes d'attente, bus tout aussi délabré qui ne dépasse pas les 40 km/h pour Rivas. Cette petite ville n'ayant rien d'attirant, je décide de continuer jusqu'à San Juan del Sur, une plage sur le Pacifique.

Le départ des bus, car on ne peut parler de gare routière, se trouve à côté du marché. L'Amérique Latine misérable me saute à la gueule : pauvreté des étals, vendeurs ambulants, gamins loqueteux, toute une humanité qui me rappelle les endroits les plus démunis du Honduras. Mais on ne ressent aucune agressivité, aucun danger. En attendant le départ je casse la croûte au petit resto pas très reluisant du marché : un morceau de poulet avec riz et haricots, plus une bière, pour l'équivalent de 2 dollars, nettement moins cher qu'au Costa Rica.

Une heure de plus de bus, presque aussi délabré que les précédents, et me voici à San Juan del Sur qui semble une station balnéaire endormie, écrasée de chaleur. Faisant confiance à mon guide d'Amérique centrale en anglais, je m'installe à l'Hospedaje Irazù qui n'a rien de luxueux, et c'est un euphémisme. Pas le courage de trouver mieux, je m'en contenterai.

Je bavarde assez longuement avec un jeune couple de l'ex Allemagne de l'Est. Ils voyagent avec leur petit garçon de 15 mois, ce qui ne leur pose pas de problème, disent-ils. Ils ont l'intention d'acheter un terrain et de s'établir ici. J'ai l'impression qu'ils auront probablement des désillusions.



La baie de San Juan est superbe, et sur la plage de nombreux bars–restaurants invitent à profiter de la brise marine en savourant force bières et cocas. Cette station balnéaire semble en plein essor puisque depuis la parution de ce guide (4 ans), trois ou quatre nouveaux hôtels se sont construits. Cet endroit me plaît. J'y passerai volontiers deux ou trois jours si l'inconfort de l'hôtel n'est pas trop pesant.



Jeudi 19 février

Assez mal dormi à cause de grosses cucarachas (cafards). Je n'ai jamais apprécié la compagnie de ces bestioles, toutefois quand elles se contentent de se balader par terre ou sur les murs, elles ne me dérangent pas outre mesure. Mais cette nuit elles ont poussé le bouchon un peu loin : vers 3 heures du matin j'ai été réveillé par une piqûre sur mon crâne dégarni et par un petit bruit. Une de ces immondes créatures venait de me piquer ! Dégoût et colère. J'ai mis fin à la carrière de suceuse de sang de la coupable et je me suis désinfecté à l'alcool, car si on dit que les cucarachas sont inoffensives, je suppose que dans ce cas elles peuvent véhiculer des maladies.

Je suis décidé à ne pas passer une nuit de plus ici, d'autant plus que les conditions de confort et d'hygiène sont plus que spartiates : un seul lavabo dans la cour qui sert à la famille de la patronne et aux clients. En sortant chercher un logement un peu moins minable, je tombe par hasard sur le seul endroit du village qui propose un petit déjeuner différent du gallo pinto habituel : pancakes, jus d'orange, coupe de fruits et café. Délicieux, et l'endroit est d'une propreté méticuleuse. Il est tenu par un Français né en Tunisie, qui a fait sa vie à Montréal où il était optométriste, et qui s'est établi ici depuis un an. Il ne sert que le petit déjeuner, pour s'occuper dit-il.

Au retour, je trouve ce que je cherchais à la Casa internacional Joxi : une belle chambre avec air conditionné pour un prix plus que raisonnable. Seul inconvénient, pour l'instant il n'y a pas d'électricité et donc pas d'air conditionné. Mais ce n'est pas la faute de l'hôtel, tout le village doit supporter ces longues coupures de courant.



San Juan del Sur est vraiment adorable ; je comprends les étrangers qui viennent s'établir ici. On ne se lasse pas d'admirer cette baie décorée de petits bateaux de pêche où les pélicans assurent le spectacle avec leurs plongeons. La tranquillité de l'endroit et la gentillesse des habitants complètent ce tableau idyllique qui charme tant de gens.

La chaleur un peu pénible d'hier est aujourd'hui tempérée par un délicieux petit vent, et une fois l'électricité revenue, j'apprécie de pouvoir flemmarder un moment au frais en mettant à jour mon carnet de voyage.

Sur le bord de mer, au très agréable moment du coucher du soleil, je bavarde un bon moment avec les sympathiques jeunes Allemands qui promènent leur petit Pepe, aussi blond que les gamins d'ici sont bruns. Le gars a un peu le style hippie attardé mâtiné d'écolo ; il ne mange absolument rien d'animal, et ce qui est intéressant, c'est qu'il n'est pas du tout militant. Il dit simplement qu'un jour il a senti qu'il n'avait plus envie de nourriture animale et que depuis il se sent « propre » et parfaitement bien. Qu'il ne mange ni œufs ni fromage, soit, mais ce qui me paraît exagéré, c'est qu'il ne mange pas non plus de miel (normal dans la philosophie végane) ni même de sucre. Évidemment il n'a pas un gramme de graisse.

Je lui souhaite beaucoup de bonheur mais je ne crois pas à son rêve de travailler ici dans l'agriculture, alors qu'il n'y connaît absolument rien, et sa jeune femme n'a pas l'air d'y croire non plus. Mais elle le suit, probablement par amour. Toujours est-il que pour l'instant ils travaillent six mois en Allemagne et prennent six mois de bon temps ici. Et comme ils sont très gentils, ils se sont fait des amis dans le village, aidés par le blond Pepe qui leur attire les sympathies.

Je les accompagne pour partager leur dîner dans un minuscule resto populaire, repas végétalien bien sûr : l'inévitable gallo pinto accompagné de banane plantain dans deux préparations différentes, maduro et tajadas.

Fin de soirée dans les rocking chairs de la terrasse de l'hôtel à bavarder avec un couple d'Américains d'âge mûr qui ont travaillé un moment à Managua et sont amoureux du Nicaragua. Étonnant, le nombre de personnes qui adorent ce pays !


Journal de voyage en Amérique Centrale 2b10La baie de San Juan del Sur



Vendredi 20 février

Objectif du jour : l'île d'Ometepe, dans le lac de Nicaragua, jolie balade en perspective. Et puis, je vous l'avoue, depuis que très jeune j'ai appris qu'il y avait des requins dans ce lac d'eau douce, j'ai envie d'aller y faire un tour !



Demain le lac Nicaragua

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Message  noelle1 Mer 16 Mar 2016 - 10:10

Merci pour ton compte-rendu. Je n'ai pas eu le temps de le lire entièrement, mais ce sera fait dans les prochains jours. C'est très bien de l'avoir mis ici.
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Message  INDO85 Mer 16 Mar 2016 - 11:55

Un grand merci pour ce récit, belle photo de la baie de San Juan Del Sur on attends

la suite de ce voyage... sunny
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Message  calicoba Mer 16 Mar 2016 - 12:35

Un grand merci pour ton récit. J'attends la suite avec impatience.

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Message  tropifan Mer 16 Mar 2016 - 16:39

Déjà quelques lecteurs, c'est plus que je n'espérais. Merci de m'encourager à vaincre ma paresse Very Happy

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Message  pautel Mer 16 Mar 2016 - 22:05

Ca donne envie.Courage pour écrire la suite  !!
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Message  tropifan Jeu 17 Mar 2016 - 4:02

Amérique Centrale (3)



Vendredi 20 février

Petit déjeuner comme hier chez mon compatriote recyclé dans les pancakes. Toujours aussi bon, et en prime on a droit à une magnifique fille d'une vingtaine d'années dont le rôle semble être surtout décoratif car nous ne sommes que quatre clients et le local est minuscule. N'étant pas débordée par le travail, elle se lime les ongles en offrant sa beauté aux regards concupiscents des mâles présents. Force est de reconnaître que le cuisinier du matin a bon goût ! Seul point négatif, pas d'air conditionné car pas d'électricité. Mais ne nous plaignons pas de ces petits problèmes que les gens d'ici supportent avec résignation, puisque ces coupures de courant sont quotidiennes.

Bus de retour à Rivas et je me fais déposer au départ de la route qui va au lac. Vu qu'il est 9 heures 30 et que mon guide annonce le départ du ferry quotidien pour 10 heures, je saute dans un taxi plutôt que d'attendre le bus. Et je fais bien car le bateau lève l'ancre à 10 heures précises sans attendre le bus. Un bon point pour le guide !

Je n'aurais jamais cru que ces 17 km de traversée seraient aussi mouvementés. Le bateau n'est pas très grand mais mesure tout de même une quinzaine de mètres de long sur environ 4 de large. Toujours est-il que le lac est bien agité à cause du vent, avec de belles vagues que ne désavouerait pas la Méditerranée ; ça tangue, ça roule, au point que je regrette d'avoir bu un coca sur le quai. Je n'ai jamais été aussi secoué dans un bateau (je dois avouer que mon expérience maritime se limite principalement à des traversées Marseille-Ajaccio).
Journal de voyage en Amérique Centrale 3a_tra10

En vue de Moyagalpa ça se calme car nous sommes protégés du vent par l'île couronnée de son beau volcan qui culmine à plus de 1600 mètres. Ce village, encore plus que San Juan del Sur, respire le calme. Pratiquement pas de voitures bien qu'une route fasse le tour de l'île, et il n'est pas encore vraiment touristique. Tout à fait bucolique ! Une pancarte annonce, entre autres choses, qu'Ometepe est la plus grande île du monde dans un lac d'eau douce, ce lac étant le 10ème plus grand dans le monde. Et le seul, comme je l'ai déjà dit, où il y ait des requins.

On supposait qu'il n'était d'abord qu'une baie du Pacifique qui avait été fermée par une éruption volcanique ou un tremblement de terre, et que l'eau s'étant progressivement dessalée, les espèces qui y vivaient s'étaient adaptées. Mais des recherches récentes ont montré que le requin bouledogue est une espèce de requin qui supporte l'eau douce (la seule) et qu'il remonte parfois le San Juan, fleuve déversoir du lac. Les requins viennent donc de la mer des Caraïbes.

Je m'installe à l'Hotelito Aly, pas cher, qui me séduit d'emblée avec un très grand patio où les arbres ont été conservés, et beaucoup de plantes. Au centre du patio, un restaurant bucolique où il fait bon s'asseoir pour boire un coup ou écrire. Et ma chambre, avec salle de bain privée s'il vous plaît, est vaste et coquette. Que demander de plus ? Et j'ai confié mon linge à la femme de chambre, heureuse de se faire un petit supplément, qui me le rendra ce soir propre. Le pied !
Journal de voyage en Amérique Centrale 3b_moy10rue principale de Moyagalpa

Après-midi de farniente à l'hôtel car, le vent étant tombé, il fait un peu chaud pour se promener. Je ne suis pas seul : j'admire le mode de vie de certains gars d'ici, comme les fils de la patronne, dans les 20 ou 25 ans, qui passent leur temps dans les hamacs ou les fauteuils à bascule pendant que les femmes bossent. Eux ne font strictement rien, mais si toutes leurs journées se ressemblent, ils doivent rudement s'ennuyer !

Repensant à la beauté de la « serveuse » des pancakes, il y a ici beaucoup de très belles filles parmi les jeunes, mais à partir de 35 ans environ ça se gâte. Je suppose qu'elles sont usées par le travail, les maternités, et surtout qu'elles n'ont pas d'argent pour prendre soin d'elles. Les hommes jeunes ont souvent des corps d'athlètes, sont plutôt grands, et les enfants aussi sont très beaux, en général minces et musclés.

Samedi 21 février

Grosse surprise ce matin : à 7 heures 30, alors que je viens juste de commander mon petit déj, une belle averse. On est pourtant en plein dans la saison sèche ! Mais ce n'est pas plus mal car il y avait beaucoup de poussière sur les chemins.

Cet hôtel me plaît vraiment, dommage que les patrons ne soient pas plus aimables. Par contre je sympathise avec l'employée qui, aidée par sa fille de 12 ou 13 ans, fait tout le boulot : cuisine, lavage, nettoyage. J'interromps ma page d'écriture pour savourer le petit déjeuner qu'elle vient de m'apporter. Les huevos revueltos (œufs brouillés), avec oignon et tomate, sont délicieux ; je peux donc la féliciter sans mentir.

J'en profite pour la « cuisiner » à mon tour. Sa vie n'est pas drôle : elle travaille ici à temps complet puisqu'elle y dort aussi, pour 600 córdobas (60 dollars) par mois, avec deux jours libres tous les 15 jours. Et elle est bien contente d'avoir trouvé ce boulot, malgré la peine de vivre séparée de ses deux filles (il y en a aussi une plus jeune) qui habitent avec leur père et leur grand-mère dans un village un peu plus loin, car celle que je connais ne vient ici que pour le week-end. Elle me dit qu'il est très difficile de trouver du travail, et c'est mal payé : à la journée, sans aucune garantie de stabilité, on gagne à peine 10 córdobas (1 dollar). En comparant avec l’Équateur, le Nicaragua est beaucoup plus pauvre. Elle me raconte aussi que sa fille n'a pas pu aller à l'école tous les ans car elle n'avait pas de quoi acheter les fournitures, et qu'elle ne voulait pas l'envoyer le ventre vide.
Je suis très bien ici, mais il n'y a rien à faire dans ce village. Je vais donc prendre le bus pour Altagracia, et je serai sur place pour le bateau du dimanche vers Granada. Départ à 11 heures. Encore un de ces vieux bus qui ont largement dépassé la cinquantaine, et dont on ne compte plus les centaines de milliers de kilomètres. Celui-ci de surcroît est équipé de sièges métalliques, mais comme on ne dépasse pas le 30 km/h c'est supportable. On fait le tour de l'île par le Sud, en ayant donc toujours le volcan Concepción sur la gauche, et parfois une vue du lac sur la droite.
Journal de voyage en Amérique Centrale 3d_bus10Le bus "historique" qui fait le tour de l'île
Paysages tropicaux bucoliques. Tout respire la paix par ici. Une pancarte sur le port annonçait « Ometepe oasis de paix » et on m'a confirmé plusieurs fois que c'est exact, l'anti-Managua en quelque sorte : pas d'agressions à main armée, pas de délinquance organisée. Tout baigne, c'est le cas de le dire.
Je suis un peu surpris, en arrivant à Altagracia, car d'après mon guide il n'y avait qu'un seul hôtel. Or depuis sa parution, il y a quatre ans, deux autres se sont construits. L'hôtel Castillo lui-même, décrit comme « somewhat crude » s'est nettement amélioré. J'ai même droit à l'une des deux chambres avec salle de bain privée à 80 córdobas (8 dollars). Le luxe est abordable ici, si tant est qu'une chambre avec salle de bain soit un luxe.

Monsieur Castillo, dont parle mon guide, est un homme de 86 ans encore en assez bonne forme qui adore parler (il le dit lui-même). Il me montre des bouquins et des documents sur Omotepe où il est cité comme l'une des personnes qui ont le plus aidé à la recherche scientifique sur les pétroglyphes de l'île. Il réussit à me donner envie de rester un ou deux jours de plus, mais si je rate le bateau demain, je ne pourrai pas être à Managua lundi comme prévu, et le responsable des Villages d'enfants qui m'a invité va se demander ce qui m'est arrivé. Alors tant pis pour les pétroglyphes, et puis ce n'est pas trop mon style de voyage de crapahuter pour aller voir ça, j'ai toujours préféré, en plus de la découverte du pays, connaître la manière de vivre des habitants. Pour utiliser des grands mots, ce que j'aime, c'est la géographie et l'ethnologie.
Journal de voyage en Amérique Centrale 3c_isl10

Le village d'Altagracia est beaucoup plus agréable que Moyagalpa, d'abord parce qu'il est plat, et il y a une vraie vie de village sur la Place, le soir, mais très calme, presque silencieuse comme si l'élément Amérindien avait imposé cette caractéristique étrangère aux ladinos (métis de Blanc et d'Indien). Ce qui m'a impressionné ici, c'est la hauteur des orangers qui dépassent facilement 10 mètres, et il y en a devant chaque maison.

Je me suis pris d'affection pour une petite chienne qui fréquente, avec d'autres, le patio de l'hôtel. Le vieux M. Castillo les écarte quand il donne à manger à son chien, mais comme il a bon cœur, il leur donne aussi une petite portion. Cette chienne était si affectueuse avec moi que j'ai acheté des biscuits pour la nourrir. Quant à moi, j'ai déjeuné ou dîné (à 16 heures on ne sait plus) d'un énorme poisson du lac al ajillo (à l'ail). Délicieux et bien présenté.
Demain : nouvelle traversée pour se rapprocher de la capitale


Dernière édition par tropifan le Sam 23 Avr 2016 - 14:53, édité 2 fois

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Message  KTsering Jeu 17 Mar 2016 - 9:48

Tu devrais éditer tes récits !
Tu as vraiment l'art et la manière de raconter avec humour.
J'attends la suite avec plaisir.

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Message  calicoba Ven 18 Mar 2016 - 8:13

Oui c'est bien vrai. Tu es très intéressant et très agréable à lire. Continue !

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Message  tropifan Ven 18 Mar 2016 - 10:14

                                                           Amérique Centrale (4)


Dimanche 22 février

Difficile de se dépêtrer du patron de l'hôtel qui, dès qu'il m'aperçoit, vient bavarder avec moi. C'est un homme vraiment étonnant qui prétend ne savoir que lire car il n'a pas beaucoup fréquenté l'école, mais qui est incollable sur l'île d'Ometepe, sa passion, et très au courant de tous les problèmes de la planète.

Après avoir fait honneur à un excellent petit déjeuner, bus jusqu'au port, quelques kilomètres à peine.Le bateau n'a rien à voir avec celui que j'ai pris deux jours plus tôt, il peut transporter plus de 200 passagers et quelques tonnes de bananes, principale production de l'île.
Journal de voyage en Amérique Centrale 4_lac10

Le lac étant relativement calme et le bateau assez gros, on ne sent presque rien. Quelle différence avec la première traversée ! Ce qui est impressionnant, c'est l'immensité de ce lac que les Espagnols appelèrent La mar dulce (la mer d'eau douce). Le découvreur, dans son compte-rendu au roi d'Espagne, précisait même qu'il avait goûté l'eau pour s' assurer qu'il ne communiquait pas avec l'océan. Toujours est-il que depuis notre point de départ on ne distingue aucune terre au Nord et à l'Est, à peine une côte lointaine à l'Ouest.
Journal de voyage en Amérique Centrale 4_reqb10
requin bouledogue, l'hôte du lac

Les trois heures et demie de traversée ne me paraissent pas longues car il y a des gens intéressants pour bavarder, en particulier un couple de Belges Flamands qui sont partis pour six mois de voyage en Amérique Centrale, Colombie, Équateur, Pérou et Bolivie.

A 13 heures 30 on débarque à Granada qui fut la capitale du pays avant Managua. Les 6 ou 7 étrangers du bateau se dirigent vers un petit hôtel qui ne m'inspire pas ; dans le genre hôtel minable et crasseux j'ai déjà donné. Je continue donc jusqu'au Parc central qui est une merveille, comme d'ailleurs tout le quartier historique, Granada étant considérée comme la plus belle ville d'Amérique Centrale. L'hôtel Alhambra n'étant pas dans mes prix, je me contente de manger quelque chose à l'une des terrasses de café, avant de continuer vers Masaya où un bon hôtel à prix abordable est signalé.

Un petit kilomètre de marche pour aller prendre le bus. Une femme m'interpelle:  « Gringo* ! » Je lui passe un savon et cette pauvre idiote qui voulait me soutirer un peu d'argent aura peut-être compris que lorsqu'on demande, il vaut mieux le faire poliment. Ce qui me fait tout de même plaisir, c'est que quand je proteste en faisant semblant d'être vexé d'avoir été pris pour un « gringo », les gens me croient et même s'excusent, ce qui est flatteur pour ma prononciation de l'espagnol.

Pas de chance avec ce nouveau bus, il est bondé et je me tape plus de 20 minutes debout avant d'obtenir un siège, peu avant l'arrivée à Masaya car le trajet est court. Puis taxi du Terminal à l'hôtel Régis, taxi qui bat d'ailleurs le record de pas cher : 4 córdobas, soit 0,40dollars pour environ 1500 mètres.

Encore un patron d'hôtel bavard et sympa : il a 70 ans et gagne 140 dollars par mois comme retraité ; cet hôtel lui permet de vivre à l'aise et de s'occuper. Tout est d'une propreté méticuleuse et parfaitement organisé. De plus c'est un homme cultivé et intelligent avec qui on a plaisir à bavarder. Son analyse de l'époque sandiniste est des plus intéressantes.

Un peu fatigué, mais très content de cette journée de voyage, je devrais bien dormir !

Gringo : mot peu sympathique qui à l'origine désignait les « États-Uniens » mais qui maintenant désigne en Amérique Latine tous les étrangers de race blanche.

Lundi 23 février

Le patron, qui est d'une activité débordante malgré son âge, a préparé les tables pour le petit déjeuner qu'il m'avait annoncé hier. Pour 20 córdobas (2 dollars) c'est un vrai festin, et on sent qu'il est heureux de faire plaisir à ses clients. Il m'apporte d'abord une assiette pleine de fruits en précisant que je peux manger tout ce que je veux, puis un très grand verre de jus de melon glacé au citron, absolument délicieux. Ensuite arrive le plat de résistance : riz, haricots noirs et œufs brouillés à l'oignon et à la tomate. Et pour terminer une tasse de café. De quoi envisager avec optimisme la suite des évènements !
Journal de voyage en Amérique Centrale Hotel10Hôtel Regis, excellent rapport qualité-prix, patron super sympa

Le but principal de la journée est de prendre contact avec les responsables des Villages d'enfants du Nicaragua. Par téléphone d'abord, mais les portables n'ayant pas encore fini d'envahir la planète (ça n'allait pas tarder) et le réseau du pays étant peu développé, je dois aller téléphoner à ENITEL (entreprise d'état) sur la place principale de Masaya.

Coup de pot, je tombe sur le directeur national des Villages, aussi aimable que sur sa lettre d'invitation. Nous convenons qu'il passera me prendre à l'hôtel demain matin à 7 heures pour aller à Juigalpa où se tient un comité pédagogique. Puis on reviendra à Managua où on m'hébergera au Village SOS dans la Casa de Huéspedes (Maison des invités). Il est aussi question d'aller vendredi à Estelí avec un sponsor norvégien, et le président national des Villages SOS veut aussi me recevoir. Voici donc un programme bien rempli pour les jours à venir.

En attendant, j'ai donc journée libre et je vais en profiter pour retourner à Granada qui vaut bien une visite un peu moins rapide qu'hier. Il n'y a que 20 km, et les 10 dollars que me coûte l'aller-retour en taxi m'évitent bien des ennuis avec les bus. Par étourderie, j'oublie mes lunettes de lecture dans le premier taxi. Petit désastre évité car le chauffeur, avec qui j'avais sympathisé, revient me les rendre. Ouf ! Et certains disent que les Latino-américains ne sont pas honnêtes !

La place centrale de Granada est une merveille : architecture, ambiance, beauté du parc, c'est ce que j'ai vu de mieux en Amérique Centrale. Cette ville attirait la convoitise des pirates français ou anglais qui la pillèrent au cours du 17ème siècle. Si l'on observe la carte du pays, à première vue on suppose que ces pirates arrivaient par le Pacifique. Mais non, ils venaient de la Mer des Caraïbes, beaucoup plus lointaine, en remontant le Rio San Juan qui est le déversoir du lac.
Journal de voyage en Amérique Centrale 4_gra10Granada

Après-midi paisible à bavarder avec le patron. Si j'avais tous les jours quelqu'un d'aussi intéressant pour échanger des idées et m'informer sur le pays, ce serait formidable. En particulier j'apprends pas mal de choses sur la langue populaire, et je lui prête un exemplaire de mon petit roman Oscarcito pour commenter les écuatorianismes, certains comme pana (pote) et chévere ! (super!) étant plutôt des américanismes puisqu'ils sont aussi employés ici.

Je dis en rigolant au patron que le fauteuil à bascule appelé butaco ou silla de abuela (chaise de grand-mère) devrait figurer sur l'Escudo (les armes) du Nicaragua. On en voit dans toutes les maisons, riches comme pauvres. Le soir, les gens les sortent souvent sur le trottoir pour prendre le frais.
Journal de voyage en Amérique Centrale 4_faut10

A son tour de faire de l'humour : « A l'époque sandiniste nous étions tous riches, nous étions même millionnaires puisque un coca coûtait au moins un million, mais après on a enlevé tous les zéros et nous sommes redevenus pauvres, hélas ! »

Prochain épisode (après le week-end): les villages d'enfants SOS du Nicaragua


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Message  tropifan Lun 21 Mar 2016 - 3:27

                                                                     Amérique centrale (5)

Mardi 24 février

Ce matin, en prévision de tout ce qu'on va me faire manger comme invité, je me contente d'un grand verre de ce délicieux jus de melon dont voici la recette pour les jours de canicule (donnée par le patron de l'hôtel) :

Pour un litre, un demi melon d'Espagne, 200 g de sucre, jus de 2 citrons verts, mixeur puis passoire, et servir avec des glaçons




On passe me prendre à 7 h 30. Il y a là Julio, directeur national, Carlos le comptable, María Teresa, responsable des garderies, et María Lourdes, responsable pédagogique.

Deux bonnes heures, malgré une belle voiture, pour couvrir les 120 km jusqu'à Juigalpa car la route n'est pas en très bon état.

Ils ont une réunion pédagogique avec l'équipe du village SOS qui durera jusqu'à 12 h 30. Pendant ce temps je me balade et je suis reçu dans deux maisons. Tout le monde est sympa et accueillant. Je discute un bon moment avec Raimundo, un gamin de 12 ans bavard et ingénu, qui vient d'entrer en première année de secondaire. Puis avec la prof qui fait le soutien scolaire, sympa et dynamique, mais nulle en anglais, matière où elle doit avoir du mal à aider les mômes.

Nous allons manger au restaurant tenu par la mère du jeune directeur du Village SOS. Ils se lèchent tous les babines à l'idée de la soupe de gallina y albóndigas (de poule et de boulettes de viande) qu'elle nous a préparée. On sent qu'ils sont heureux de bien manger, attitude très différente de celle des Équatoriens devant la nourriture.


Journal de voyage en Amérique Centrale 5_sopa10Soupe de poule et de boulettes de viande



Ils ont encore deux réunions l'après-midi, et je leur sais gré de ne pas m'avoir proposé d'y participer, j'ai plus que ma dose de réunions pédagogiques avec les villages SOS d'Équateur. J'en profite pour visiter la garderie, agréable et fonctionnelle, puis avec María Teresa nous faisons une balade dans cette petite ville endormie. Je suis impressionné par les deux parcs publics, propres et bien entretenus. Le souci de la propreté, de l'ordre, de la beauté, me semble une caractéristique du Nicaragua, remarquable pour un pays très pauvre.
Journal de voyage en Amérique Centrale 5_parq10Un parc de Juigalpa

Après avoir consommé force frescos, nous repartons à 17 h 30 pour Managua. Ne pas confondre le fresco, jus de fruit naturel sucré et allongé d'eau, toujours servi glacé dans un grand verre, avec le refresco ou gaseosa qui est ce qu'on appelle cola en Équateur et soda en France.
Journal de voyage en Amérique Centrale 5_fres10fresco

Arrivée au siège national des villages SOS, situé dans un quartier chic de Managua, à 20 heures. De là, Carlos le comptable m'amène au village SOS de la ville, tout neuf et superbe... je dirais même trop beau, où le directeur m'installe dans la casa de huéspedes (maison d'invités). On est loin à Quito de ce standing pour recevoir les invités. Pas étonnant que Kutin, le grand chef autrichien des villages SOS au niveau mondial, ait préféré dormir à l'hôtel quand il est venu nous voir, tandis que pendant sa visite au Nicaragua, il a dormi dans cette magnifique maison où je suis logé.

A peine le temps de poser mon sac qu'une gamine m'apporte un plat fort appétissant de gallo pinto y maduro avec des œufs et du fromage. Mais je ne peux que le goûter, mon estomac se refuse à en avaler plus. Chaleur, fatigue, et j'avais aussi mangé un peu dans l'après-midi.




Mercredi 25 février

Ce matin Julio est venu me saluer rapidement car il a encore une réunion pédagogique avec l'équipe de ce village. Donc pour moi une matinée tranquille, ça m'arrange.

Puis une brave dame vient me préparer un petit déjeuner que j'ai demandé léger. Et comme elle est bavarde, j'apprends beaucoup de choses sur l'organisation du village. Ce qui m'impressionne, ce sont les mesures de sécurité : la nuit deux gardiens se relaient pour faire des rondes avec un chien, et pendant la journée, un autre ne quitte pas la porte d'entrée. Ces mesures confirment ce qu'on m'a dit au sujet de la délinquance dans cette ville.

Dans ce qu'elle me raconte, il y a une règle qui me semble incorrecte : les employés administratifs sortent entre 12 h et 14 h pour déjeuner car ils ne sont pas nourris comme ça se fait chez nous à Quito ; ils peuvent s'ils le désirent acheter de leur poche un repas à la garderie voisine. Souci louable de ne pas gaspiller les ressources du village, mais qui conduit à un contresens pédagogique : le directeur ne mange jamais dans les maisons, alors qu'à Quito j'insiste pour qu'il y mange le plus souvent possible car c'est le meilleur moyen de bien connaître les enfants, les mères SOS, et de se rendre compte des problèmes qui se posent dans chaque maison.

Toujours dans le but d'éviter les gaspillages, les enfants ne peuvent avoir un chien ou un chat, alors qu'avec 8 ou 9 enfants il y a obligatoirement des restes ; et je suis sûr que ça leur manque comme j'ai pu le constater chez nous dans les maisons où les mamans ne veulent pas d'animal.

Cette brave femme m'a aussi raconté que le 1er janvier son gendre a tué sa fille de 30 ans par jalousie, et elle a recueilli ses trois petites-filles. Ce qui m'a choqué, c'est qu'elle me disait ça sans émotion apparente, exactement comme si elle avait récupéré les chiots d'une chienne morte. Il est vrai qu'elle a 5 autres enfants, mais tout de même ! Je suppose qu'elle n'est pas du genre à étaler ses sentiments.




Julio est venu me chercher pour aller manger à la garderie où nous sommes invités. Repas frugal car nous sommes mercredi des Cendres, avec le plat typique de cette date, une soupe à base de fromage avec du riz blanc et de la banane plantain bouillie. Je ne suis pas mécontent de manger léger !
Journal de voyage en Amérique Centrale 5_alde10enfants de la garderie SOS

Puis le directeur du village m'a accompagné chez le président des Villages SOS du Nicaragua. Visite de courtoisie, nous buvons le café et mon chauffeur me laisse au siège national.

J'ai invité Julio et Wilma à dîner car je tiens à payer quelque chose. On va à La Marseillaise, un resto français de ce quartier. C'est bon mais sans plus, l'addition salée étant le plus remarquable du repas.

Journée tranquille en somme.

Prochain épisode : toujours avec les villages d'enfants SOS, mais à Estelí


Dernière édition par tropifan le Mar 22 Mar 2016 - 7:28, édité 1 fois

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Message  tropifan Mar 22 Mar 2016 - 7:26

                                                                             Amérique centrale (6)

Jeudi 26 février




Le voyage continue, toujours comme invité des villages d'enfants SOS. Aujourd'hui nous allons à Estelí dans une région montagneuse où il fait légèrement plus frais (ou plutôt légèrement moins chaud) qu'à Managua.
Journal de voyage en Amérique Centrale 6_este10Une rue d'Estelí

Au village SOS d'Estelí, nous sommes reçus avec un copieux petit déjeuner à la manière locale, puis visite des deux garderies de la ville et de la résidence juvénile. Sebastiàn, le responsable des jeunes, dans les 30 ans, est un homme cultivé qui parle assez bien français, et anglais beaucoup mieux que moi. Nous avons les mêmes idées sur les problèmes des adolescents, c'est un type pragmatique comme je les apprécie, ce qui me repose des soi disant pédagogues.

On bavarde deux bonnes heures, puis il me ramène au village SOS où je lui fais cadeau de mon dernier « Oscarcito ». C'était une bonne idée d'en avoir amené quelques exemplaires, ils ont été des petits cadeaux appréciés.
Journal de voyage en Amérique Centrale 6_osca10




Je suis encore logé dans une casa de huéspedes (maison d'invités) que je partage avec Benito, le responsable de la formation du personnel. Finalement, je n'aurai presque pas eu de contact avec les enfants et les mères, c'est un peu dommage. Ce logement n'est pas 5 étoiles comme à Managua, mais il serait plutôt bien sans les moustiques. De toute façon, moustiques ou pas, je crois que je vais bien dormir.




Vendredi 27 février

Les moustiques ne m'ont pas dérangé car hier soir on nous a donné un insecticide. Par contre le lit était désastreux. Il a pourtant l'air très bien ce lit, et il fait jeu avec les chaises et fauteuils de la salle de séjour, en bois foncé et osier. Le problème, c'est qu'il y a une barre au milieu du lit que le mince matelas ne parvient pas à faire oublier. Un véritable supplice ! Le type qui l'a conçu et celui qui l'a acheté devraient être en prison. Ou alors, comme peine de substitution, ils devraient être condamnés à y dormir pendant un an. Mais je n'en parlerai à personne car tous sont on ne peut plus gentils et aux petits soins avec moi, au point que ça me gêne un peu.




Ces jours-ci j'ai eu le temps de réfléchir à l'organisation de SOS Nicaragua. Leur problème principal, c'est l'énorme différence entre le niveau de vie des villages SOS et la pauvreté générale du pays. Cette différence est un abîme. Construire des villages magnifiques, c'est très bien, mais on peut se demander si c'est vraiment souhaitable qu'ils soient si beaux. Il y a un proverbe qui me vient à l'esprit : Le mieux est l'ennemi du bien.

Pas étonnant que leurs jeunes, plus que les nôtres, aient tant de mal à sortir du cocon protecteur SOS, Sebastiàn en est bien conscient. Et réunir 40 jeunes dans la résidence que j'ai visitée hier est une erreur, d'autant plus que jusqu'à l'année dernière ils étaient comme des coqs en pâte, avec des femmes de service qui préparaient les repas, les servaient, faisaient la vaisselle, leur lavaient et repassaient le linge. Maintenant il n'y en a plus qu'une mais on sent que les gars ont toujours cette mentalité machiste, même s'ils participent vaguement aux tâches domestiques.




L'après-midi, le directeur m'a amené à la garderie où j'ai retrouvé Julio avec le sponsor norvégien dont on m'avait parlé et un Suédois d'origine chilienne. Le Norvégien ne parle pas espagnol, c'est le Suédois qui traduit, ou alors nous communiquons tant bien que mal en anglais.
Journal de voyage en Amérique Centrale 6_vill10

De là on va visiter le collège Hermann Gmeiner (du nom de « l'inventeur » autrichien des villages SOS) financé en grande partie par les Norvégiens. Les 500 élèves du primaire, debout devant leurs classes, nous applaudissent. Impressionnant et émouvant. Puis le secondaire où l'on a droit à une nouvelle salve d'applaudissements, et enfin retour dans la cour principale où l'on nous a préparé un petit programme court et sympa, avec entre autres une danse folklorique par quatre filles. Les costumes, blancs avec une bande bleue (couleurs nationales), sont à la fois simples et splendides, et les filles charmantes.

Le directeur du collège, un homme assez âgé qui semble un bien brave type, m'explique qu'il y a 1050 élèves en primaire (en deux tours, matin et après-midi) et 200 en secondaire qui a été construit plus tard. Les parents paient 2 dollars par mois et doivent acheter les fournitures et l'uniforme (pantalon ou jupe bleu marine, chemise blanche). Par contre les 10% les plus pauvres ne paient rien.
Journal de voyage en Amérique Centrale 6_cole12Le collège d'Estelí construit et financé par les villages d'enfants SOS de Norvège






Retour au village, tout le monde semble fatigué... sauf Julio qui a une énergie étonnante et de la suite dans les idées. Il veut absolument nous emmener à un restaurant dont la spécialité est la viande de serpent, d'iguane et d'autres bestioles. L'endroit est situé en pleine campagne, à quelques kilomètres d'Estelí. Légèrement en contrebas du resto, il y a une sorte de jardin où se trouvent quelques énormes boas et un petit crocodile.

Le Norvégien et le Suédois refusent catégoriquement de goûter la viande de boa. Moi, j'essaierais bien par curiosité mais il n'y en a plus de déjà préparée, et il est un peu tard pour tuer l'une de ces charmantes bestioles. C'est mieux ainsi, nous ne serons pas responsables de la mort d'un sympathique serpent qui ne nous a rien fait puisqu'il n'a même pas essayé de nous étouffer.

On se contente de bière. L'ambiance est à la franche rigolade. Julio est assez drôle, Sebastiàn encore plus. A propos d'animaux qui se mangent en Amérique Latine (et pas en Europe), je leur raconte qu'en Équateur le plat typique est le cuy (cochon d'Inde), qui se prononce couil, et je leur explique que les organes sexuels masculins se prononcent exactement de la même manière en français, ce qui amuse beaucoup Sebastiàn à qui les curés qui l'ont éduqué n'avaient pas appris ce mot.

Un après-midi et une soirée dont je conserverai certainement des souvenirs très forts.




Pour refermer le chapitre SOS, il faut que je parle des egresados (les anciens du village). Julio en est très fier, et c'est justifié car certains ont bien réussi, comme le toubib du Village, un menuisier, un autre qui a son propre salon de coiffure, et surtout un dernier qui a un atelier de sérigraphie avec huit employés (il nous a offert un cigare pour lequel il avait conçu la « bague » avec la marque, et nous a montré des revues avec quelques-unes de ses œuvres).

Sur le même sujet, une vingtaine de petites maisons ont été construites près de la Résidence juvénile, et données à des anciens du village avec des conditions financières très avantageuses, un cadeau en somme. Après tout, pourquoi pas ? Mais ce qui me choque, c'est qu'on ne peut pas le faire pour tous, c'est donc injuste.

J'ai aussi appris qu'Estelí est devenue un centre important de fabrication de cigares grâce à des exilés cubains qui ont apporté leur savoir-faire. Il y aurait une vingtaine d'ateliers de fabrication, ce qui en fait une ville relativement prospère, avec moins de chômage qu'ailleurs.




A la fin de ce périple au Nicaragua, il est intéressant de noter que les gens qui m'ont parlé de la période sandiniste portaient un jugement plutôt négatif. Il semble que l'inflation monstrueuse ait laissé un douloureux souvenir (un coca était arrivé à coûter deux millions). Et puis les dirigeants s'étaient installés dans les luxueuses maisons des riches exilés et se comportaient comme de nouveaux seigneurs. Mais c'est surtout la conscription obligatoire qui a été mal vécue.




Prochain épisode : Au revoir les amis !


Dernière édition par tropifan le Sam 26 Mar 2016 - 12:53, édité 1 fois

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Message  KTsering Mar 22 Mar 2016 - 9:36

Merci Tropifan pour ce journal de voyage très intéressant, à de nombreux points de vue.

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Message  tropifan Mar 22 Mar 2016 - 17:05

KTsering a écrit:Merci Tropifan pour ce journal de voyage très intéressant, à de nombreux points de vue.

Même si tu es la seule personne à avoir été intéressée par ce journal de voyage, c'est déjà pas mal ! Et puis les amis qui me l'avaient demandé seront contents.

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Message  INDO85 Mar 22 Mar 2016 - 17:39

On est plusieurs à attendre le prochain épisode... merci pour ce beau récit. Smile cheers
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Message  pautel Mar 22 Mar 2016 - 21:09

Oui nous sommes plusieurs !!! C'est pour çà que par ailleurs je t'avais surnommé "le grand voyageur" !!
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Message  tropifan Mer 23 Mar 2016 - 2:52

pautel a écrit:Oui nous sommes plusieurs !!! C'est pour çà que par ailleurs je t'avais surnommé "le grand voyageur" !!

Alors vous êtes plus de lecteurs intéressés que je n'en espérais ! Smile

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Message  calicoba Mer 23 Mar 2016 - 7:14

Je t'ai lu aussi avec beaucoup d'intérêts...et j'attends la suite

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Message  tropifan Mer 23 Mar 2016 - 7:43

                                                              Amérique Centrale (7)

Samedi 28 février

Ce sera mon dernier jour avec les villages SOS. A 7 h 15 Julio m'amène avec le Norvégien visiter les maisons du village. A Quito ce serait inconvenant de si bonne heure un samedi, mais ici les enfants font le nettoyage de la maison et des abords.

Puis petit déjeuner d'un nouveau genre avec un excellent plat de fête du Nicaragua, le nacatamal, assez proche du tamal équatorien : purée de maïs avec de la viande de porc et diverses épices, cuite à la vapeur dans une feuille de bananier.

Journal de voyage en Amérique Centrale 7_naca14nacatamal prêt à être dégusté






                              
La matinée est consacrée à la cérémonie de clôture du cours de formation de mères SOS : danses folkloriques, un petit sketch assez mal joué par les futures mères SOS, et un assez long discours de Julio que Sebastiàn parvient à traduire simultanément en anglais pour Sven, le Norvégien. Pour terminer, le pot de l'amitié où je peux savourer le dernier fresco nicaraguayen, qui restera pour moi le délicieux symbole de ce pays, avec le fauteuil à bascule.

Adieux émus à tous ces gens avec lesquels j'ai vécu quelques journées inoubliables, et dont certains sont devenus des amis. Puis Sebastiàn me conduit au terminal de bus et se croit obligé de me faire les recommandations d'usage pour éviter les vols, recommandations inutiles car je ne suis pas né de la dernière pluie... ou plutôt du dernier voyage.
Journal de voyage en Amérique Centrale 7_dybu10




Ce terminal, sorte de gare routière en plein air, est sale, nauséabond et grouillant de pauvreté. Je replonge dans la vie réelle du Nicaragua, loin de l'atmosphère ouatée des Villages SOS. Départ à 12 h 30. Le bus est un vieil engin complètement délabré et dépourvu d'amortisseurs. Un supplice ! De plus la route n'est pas très bonne, et pour m'achever il fait un détour de plusieurs kilomètres sur des chemins de terre vers un petit village.

Après deux heures de souffrance dans ce bus infernal, nous arrivons à Somoto, beaucoup plus dans les montagnes qu'Estelí, près de la frontière avec le Honduras.
Journal de voyage en Amérique Centrale 7_somo10Somoto, dernière petite ville du Nicaragua
 Juste le temps de boire un coca et je saute dans un camion. Je n'avais pas encore utilisé ce moyen de transport, ça me manquait. Surprise ! Il est moins inconfortable que le bus et beaucoup plus folklorique. Mais aussi surpeuplé. Sur les bancs de bois, en nous serrant bien, nous sommes 16 ; et au milieu, après avoir ramassé pas mal de gens, plus de 20 personnes s'entassent, sans avoir la possibilité de s'appuyer ou de s'accrocher à quelque chose.

Passage rapide du poste de police côté Nicaragua. Côté Honduras, il me faut payer les « heures supplémentaires » car le bureau ferme officiellement à 16 heures et je suis en retard de quelques minutes. Petite combine de ces flics corrompus (c'est un pléonasme dans la région) pour m'extorquer quelques sous, mais ce n'est pas cher malgré tout.




Sans perdre de temps, taxi collectif jusqu'à San Marcos pour ne pas rater le bus pour Choluteca qui part à 16 h 45. Cette petite ville située dans les montagnes est tranquille et propre. Arrivant des zones les plus pauvres du Nicaragua, c'est un contraste saisissant. Le bus non plus n'a rien à voir avec ceux de l'autre côté de la frontière : luxueux, silencieux, confortable. Ce qui me rassure pour mes vertèbres maltraitées jusqu'ici.

Jusqu'aux paysages qui sont beaucoup plus souriants, toujours des montagnes mais boisées et beaucoup plus vertes. Peut-être un microclimat, mais il est probable que la déforestation a été moins poussée que de l'autre côté. L'excellente route, témoin de l'aide américaine, descend rapidement dans la plaine de Choluteca où nous arrivons à 18 heures.

Pour terminer cette journée de voyage, taxi vers l'hôtel Lisboa (qui s'appelle maintenant Santa Rosa) dans le quartier du Mercado viejo (vieux marché), plutôt bien d'après mon guide. Je n'ai pas la même impression, je le trouve populeux et peu sûr. Mais l'hôtel est très bien pour le prix : air conditionné, propreté, bon lit, douche. Avec en plus un patio plein de plantes et d'accueillants hamacs.

Bien que le quartier ne m'inspire pas confiance, je suis obligé de sortir pour manger quelque chose. A cent mètres il y a un resto propre qui fait des hamburgers, ça ira pour ce soir.




Dimanche 1er mars

J'ai décidé de prendre une journée de repos, ça me fera du bien, et de continuer demain vers Tegucigalpa, la capitale, et rapidement la côte nord du pays sur la mer des Caraïbes. Petit déj typique au resto du coin : purée de haricots rouges frits, banane plantain, œuf brouillé, crème fraîche, le tout servi avec des tortillas (galettes de maïs) et café. Mise à jour de ce journal de voyage, lecture du journal local, occupations tranquilles et reposantes.

Je confie mon linge à la brave dame chargée de laver les draps, en lui donnant 10 lempiras (0,80 dollar), ce qui est super bien payé. Dans ces petits hôtels il n'y a pas de service de lavage, mais les employées sont bien contentes de se faire un supplément.

Choluteca est vraiment une ville minable. Le parc central est minuscule et fait pitié, on dirait celui d'un petit village, et les plantes sont tristounettes. On est loin des beaux jardins publics du Nicaragua.
Journal de voyage en Amérique Centrale Cholut10Choluteca

Aujourd'hui dimanche, peu de restos ouverts. J'en trouve tout de même un qui fait des pizzas. Ce qui est triste, c'est le nombre d'enfants mendiants. Pendant la demi-heure où je suis resté dans ce restaurant, il en est venu trois que le patron a chassés.

Balade en ville pour m'informer des horaires des bus, ce qui me permet de vérifier que Choluteca est la plus moche des villes du Honduras, pire encore que La Ceiba. En plus de l'absence de parc central digne de ce nom, pas de centre apparent et beaucoup de rues non asphaltées. Mais pour compenser, mon hôtel est très agréable, on est super bien dans les hamacs du patio pour lire ou flemmarder. Et détail qui a son importance, il y a un distributeur d'eau purifiée glacée près de ma chambre.




2 au 21 mars
Journal de voyage en Amérique Centrale Mapa-h10

Maintenant ce sont plutôt des vacances qu'un voyage car je me retrouve en terrain connu dans mon cher Honduras où je me sens un peu chez moi. Il fut un temps où j'y passais trois semaines deux fois par an. Je vais prendre du bon temps sur les plages de Tela où je connais pas mal de monde,
Journal de voyage en Amérique Centrale Tela10Plage de Tela sur la mer des Caraïbes
 et ensuite passer quelques jours avec mes amis Rolando et Myriam à Copàn, petite ville près de la frontière du Guatemala, célèbre pour ses magnifiques ruines Maya.
Journal de voyage en Amérique Centrale Copan10

Mais c'est la découverte du Nicaragua qui restera le souvenir le plus fort de ces cinq semaines en Amérique Centrale.

                                                              FIN


Dernière édition par tropifan le Mar 29 Mar 2016 - 15:56, édité 4 fois

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Message  pautel Mer 23 Mar 2016 - 12:51

Merci pour la ballade .
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Message  INDO85 Mer 23 Mar 2016 - 15:05

Un grand merci pour ce beau récit...de voyage ! Very Happy cheers
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Message  calicoba Mer 23 Mar 2016 - 15:30

Passionnant et instructif. Merci beaucoup.

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Message  KTsering Mer 23 Mar 2016 - 20:35

Merci beaucoup pour ce voyage guidé.
A bientôt pour de nouvelles aventures (eh oui, je suis insatiable).

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